Joachim du Bellay est un poète français du XVIème siècle. Il est à l'origine, avec Pierre de Ronsard, de la Pléiade. Ce groupe de poètes est le premier à vouloir se consacrer à des œuvres en français, afin d'enrichir cette langue.
En 1558 il publie à son retour de Rome un recueil de sonnets, Les regrets, dans lequel se trouve son poème le plus fameux: Heureux, qui comme Ulysse.
❝ Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine;
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine. ❞
- Les Regrets, sonnet XXXI
Notes:
Cestuy-là : celui-là
Toison : référence mythologique à la Toison d’or conquise par Jason
Usage : expérience
Clos : jardin
Davantage : plus
Séjour : maison
Aïeux : ancêtres
Loir : rivière qui se jette dans la Loire
Tibre : fleuve qui traverse Rome
Liré : petite commune du Maine-et-Loire, où se trouve désormais un musée dédié au poète Du Bellay
Mont Palatin : une des sept collines de Rome
Angevine : de l’Anjou (région des pays de la Loire)
Ruines du château de Joachim du Bellay à Liré
Joachim du Bellay a inspiré un artiste contemporain, Ridan, qui a mis en chanson ce texte célèbre.
Auparavant, le titre de ce poème avait été également mis à l'honneur au cinéma, avec le film Heureux, qui comme Ulysse, le dernier long-métrage mettant en scène Fernandel.
Ce film raconte la profonde amitié d'un ouvrier agricole pour un vieux cheval de ferme, et suit leurs péripéties à travers la Camargue. Pour le film, Georges Brassens a composé une chanson éponyme où il mélange le mythe d'Ulysse et une ode à la liberté, même pour les chevaux:
C'est donc un poème qui a traversé les siècles et garde un message intact !
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